1er avril 2014, en sortant des bureaux de Louvain-la-Neuve, je passe devant la peinture des 10 ans de Telemis. Elle a 5 ans. Telemis a 15 ans.
Bonne nouvelle, je ne suis pas gâteux, je sais encore compter. Mais quand même, 15 ans, cela vaut bien un post.
Alors en quelques chiffres, Telemis aujourd’hui c’est
- 60 personnes
- Des bureaux à Louvain-la-Neuve, Paris, Toulouse, Turin, Neuchâtel
- Près de 200 hôpitaux, cliniques et cabinets de radiologie
- 8.000.000 EUR de revenus, dont plus de 70% à l’étranger.
- 12 années consécutives de profit
Telemis, c’est aussi quelques milestones importants
- En 1999, la création de cette spin-off de l’UCL
- En 2000, une première release de notre produit de gestion d’imagerie médicale Telemis-Medical (on a toujours été très nuls pour les noms de produit, une constante)
- En 2002, premier hôpital sans-film, à Tielt (Belgique)
- En 2005, première acquisition en France (et pour moi, 3 splendides années à Toulouse. On a super bien bossé, on s’est bien marré, le pied)
- En 2009, un premier deal aux Emirats (qu’on n’a pas encore réussi à intelligemment développer mais …)
- En 2010, seconde acquisition en Italie cette fois-ci (pas de déménagement de Telemis boy/girl … chercher l’erreur)
- En 2012, un Management Buy-Out. Fatiguant, compliqué, mais au final, les sortants sont bien valorisés et on continue avec une core team d’actionnaires assez fantastiques.
- En 2012, belle année, on ouvre notre filiale en Suisse.
C’est pas mal. Et pourtant, je me dis tous les jours qu’on devrait faire plus et mieux et plus rapidement. On reviendra là-dessus par la suite, l’éternelle frustration.
Pour se donner une première idée, on peut regarder des statistiques sur les startups et PME
- A 5 ans, le taux de survie des startups est en moyenne de 50%. A mon avis c’est plus quand même, mais soit, on a survécu.
- En Belgique, il y a environ 250.000 entreprises privées, avec 11 employés en moyenne
- En Wallonie, il y a environ 60.000 TPE (<9 salariés), environ 10.000 PE (10 à 49 salariés), environ 1750 ME (50 à 199 salariés) et environ 320 GE (> 200 salariés). On serait donc dans les 3% d’entreprises les plus grandes en terme de salariés en Wallonie. Pas que ce soit un objectif en soi d’avoir de nombreux salariés. Telemis n’est d’ailleurs plus non plus une petite entreprise au sens BNB du terme.
Quand on voit cela, on se dit que c’est finalement pas mal du tout, quand on pense qu’il y 15 ans, il n’y avait rien. D’autant qu’on est pas sans concurrence, comme je l’avais présenté lors d’un TEDx Louvain-la-Neuve.
Du côté des utilisateurs, on peut également sortir quelques informations intéressantes
- Plus de 1000 radiologues qui diagnostiquent sur nos logiciels.
- Plus de 10.000 cliniciens qui consultent, opèrent, suivent les patients avec l’aide de nos logiciels.
- Plus de 5 millions de patients par an.
- Plus de 2 milliards d’images médicales gérées chaque année.
- On parle donc aujourd’hui d’ 1 Petabyte de données gérées par nos logiciels.
Des utilisateurs qui nous donnent d’ailleurs un Net Promoter Score de 68. Soit un NPS super élevé, même si on n’a pas de comparatif direct dans notre industrie pour le moment.
Et donc pourquoi cette éternelle frustration?
Simplement parce qu’on a encore tellement de choses à faire. C’est une frustration de ne pas aller assez vite, de vouloir faire plus de choses, c’est une frustration pleine d’envies.
Une envie de croissance du produit, de révolutionner le domaine. L’imagerie médicale et l’IT médical ont encore un potentiel de développement gigantesque. On peut facilement prendre des exemples dans l’accès aux spécialistes, les échanges, la mobilité, la croissance du nombre de données avec les nouvelles modalités numériques, le Big Data médical, … Aujourd’hui on investit quasiment 1 MEUR annuellement en Recherche & Développement, et ce n’est pas fini!
Une envie de croissance géographique. Après la Belgique, la France, l’Italie, la Suisse, qui ont encore chacun un potentiel de croissance parfois important, il y a encore les 3/4 de l’Europe dans lesquels on n’est pas présent. Puis des continents entiers comme l’Amérique du Nord et du Sud.
Une envie de croissance de l’équipe. On a aujourd’hui une équipe formidable. Cela peut paraître con et bâteau à dire, mais pour construire une équipe formidable, cela demande du temps, et de l’investissement. On passe par des hauts et de bas, pas toujours évident à gérer. Aujourd’hui, l’équipe Telemis est presque parfaitement alignée avec nos valeurs: Compétences, humilité, esprit d’équipe et sens de l’urgence. En résumé, ils bossent super bien, tout en s’amusant, en comptant les uns sur les autres et en gardant l’esprit vif d’une startup.
Et puis aussi, parce que cette frustration, comme on pouvait lire récemment sur le blog de Michel de Guilhermier , est une ambition de bâtisseur: « Beaucoup d’entrepreneurs s’estiment fort satisfait d’avoir déja construit un business de 10 ou 15M€ – ce qu’on peut très bien comprendre – et leur appétit va alors s’émousser. Viser beaucoup plus haut nécessitera une ambition elle aussi hors norme, qu’il faut parfois « unlocker » car l’esprit peut s’auto-limiter. Cette soif du « toujours plus » est d’ailleurs une caractéristique des très grands bâtisseurs «
A titre personnel
A titre personnel, ce soir je suis content d’écrire ce post. C’est vrai que parfois, c’est difficile. Soit par la fatigue, soit par des mauvaises nouvelles. L’entrepreneuriat, c’est l’endurance comme on dit.
Et parfois, même quand on est dans une belle histoire, on se dit qu’on a envie de bâtir autre chose. A ces moments-là, je relis cette phrase-clé:
In a conversation years ago, Steve Jobs said he was disturbed when he heard young entrepreneurs in Silicon Valley use the term “exit strategy” — a quick, lucrative sale of a start-up. It was a small ambition, Mr. Jobs said, instead of trying to build companies that last for decades, if not a century or more.
Notre mission chez Telemis c’est « Prolonger la vie humaine ».
Chaque jour, on y arrive de mieux en mieux et je pense qu’on est parti pour quelques temps encore, si pas plus ! 😉