Cloclo de Florent Emilio Siri
Verdict: 7 à 8/10. Je me suis quand même surpris cette semaine à être tellement motivé pour aller voir Cloclo. Je suis né trois ans avant sa mort, je n’entendais ses chansons que dans des soirées pendant le quart d’heure revival, et pour moi, c’était surtout un petit blondinet avec les sourcils épilés, une voix de canard et plus proche de YMCA que des Rolling Stones. Et pourtant, le fait qu’on parle tellement de la performance de Jérémie Rénier, le fait que ce soit Siri derrière la caméra, et finalement l’époque, qui, à priori, m’attire plus que celle de La môme … ont fait que …
Surprise, j’ai aimé, vraiment bien aimé en plus. Alors, on va passer tout de suite sur la performance d’acteur. Jérémie Rénier est parfait. On sent le travail, la sueur et la préparation pour arriver à se transformer et à incarner un personnage qui est forcément loin de lui. La bataille des Césars commence donc dès le mois de mars de cette année. Espérons que sa performance ne soit pas oubliée dans un an. Ensuite, il y a la réalisation. Florent Emilio Siri, le réalisateur de très bon Nid de guêpes et du très bon Ennemi Intime (l’intermède Bruce Willis était moins intéressant), se lance dans le biopic. On sent le film bien maîtrisé. La réalisation est parfois sage, mais, il y a des scènes inoubliables. J’aime celle du Royal Albert Hall, qui est réellement envoutante et émouvante, mais vous avez aussi droit à ces deux morceaux de bravoure, ces deux plans-séquences dont on parle beaucoup. Celui dans la maison, mais surtout celui qui voit Claude François partir de chez lui, monter dans sa voiture, et rouler le long des fans. C’est une scène merveilleuse, qui permet de saisir tout le personnage, son besoin du public, et la mise en scène continue de sa vie, en un plan magistral. La claque !
Mais le mieux dans tout cela, c’est le personnage en lui-même, et donc le scénario. Franchement, j’étais loin de me douter que Claude François était un tel businessman, un tel visionnaire, un tel malade du contrôle, un tel homme à femme, un tel jaloux, une personne avec un énorme succès, mais qui doutera jusqu’à la fin. La plus grande réussite du film, c’est l’histoire de son personnage principal, qui est plus hors du commun que je ne le pensais. Et tout cela est admirablement rendu par une multitude de scènes qui vous marquent, comme, et ce n’est qu’un exemple, l’invention de son malaise à Marseille, le retour de France Gall qui se déchire devant l’appartement après l’Eurovision, et cette scène exceptionnelle où l’on découvre que Claude François cache son second fils car pour les fans: « un enfant c’est un accident, deux enfants c’est une famille ».
Comme on dit dans ces cas là, il est Bigger than Life.