Ces dernières semaines, j’ai eu l’occasion de discuter avec un bon nombre de personnes au cours d’entretiens d’embauche ou d’évaluations annuelles. Des exercices dont on retire des enseignements intéressants, surtout quand on y repense quelques jours plus tard.
Durant les évaluations annuelles, j’entendais dire « Oui, mais tu sais, j’ai quand même un BAC + ceci, … ». Et pendant les entretiens d’embauche, des phrases comme « J’ai fait une formation complémentaire en business marketing pour pouvoir travailler dans la vente, … ». Un peu plus tard, lors d’un souper, on me raconte qu’on n’engage pas uen personne au poste de secrétaire pour une société dans le bâtiment, parce que malgré les compétences en secrétariat, la personne n’a pas d’expérience dans le bâtiment.
Je suis frappé par l’importance que les français attachent à la formation, au cursus scolaire. Visiblement, c’est dans la mentalité depuis tout gamin, tellement encré qu’on se demande si ce n’est pas dans les gènes. Pour réussir dans la vie, il faut faire de bonnes études. Pour faire tel ou tel job, il faut passer par tel ou tel chemin.
Et alors? Ce n’est pas bien tout çà? Un chemin traçé, de la sécurité …
Non!
D’abord, parce qu’on ne choisit pas ce qu’on aime faire ou ce qu’on ferait bien, on choisit un nom de programme.
Ensuite, et surtout parce que c’est la vision du monde de l’éducation et surtout celle du travail qui est complètement déformée. Avec cette optique, ce ne sont plus les gens qui ont une fausse image de la vraie vie, c’est la vraie vie qui finit par réellement changer. Aujourd’hui, dire qu’il faut faire tels études pour faire tel job n’est plus un mythe, c’est une réalité. Les personnes qui cherchent du travail y croient, tout comme les personnes qui en proposent. L’offre et la demande sont adaptées me direz-vous. Certes, mais pour quel résultat?
La réalité de la France, et de nombreux pays européens, c’est que cette optique tue l’initiative, la créativité, les opportunités!
« Oui, mais monsieur, entrepreneur, c’est quelle école ? c’est bac+2 ? bac+5? » Ben non, en France, comme dans le reste du monde, il n’y pas d’école d’entrepreneurs. Mais en France, pas comme dans le reste du monde, on pense qu’une formation, ou qu’un diplôme = un type de carrière. Alors, avec cette manière de penser, enseignée et diffusée depuis tout petit, comment penser que des employeurs vont être ouverts, et plus difficile encore, comment peut-on imaginer que quelqu’un va prendre le risque de se lancer autrement, alors qu’il devrait y voir une oportunité, une opportunité offerte à tous.
Finalement le dynamisme et la créativité, ca se résume peut-être à se demander si on doit faire des écoles d’entrepreneurs ou un changement de mentalité?
Patrice
Une série de réaction à lire sur le site Scoopeo.
Définitivement changer de mentalité premièrement, et créer des écoles d’entrepreneur ensuite 🙂
Une bonne idée n’attend pas que son auteur ait tel ou tel diplôme même si de nos jours ils restent important.
Ma devise : Entreprenons ! 🙂
C’est très vrai, ta remarque.
J’aime pas approuver cela : ton discours sonne comme de l’ultralibéralisme égoïste, car ceux qui défendent ce programme sont ainsi classifiés dans ce pays.
Ce qui compte, ce n’est pas qu’un chat soir noir ou blanc, mais qu’il capture des souris.
On peut être à gauche dans la mentalité, être prêt à toutes sortes de mécanismes redistributifs des gains du travail, sans pour autant vouloir que les entreprises (et les entrepreneurs) continuent à aller droit dans le mur.
Sans parler de tous ceux qui sont devenus spécialistes en détournement des aides à la création d’entreprise. Pourquoi l’Etat n’opterait-il pas tout simplement pour un niveau élémentaire de paperasse, pour toute jeune société ne dépassant pas un certain seuil de chiffre d’affaire. Les entreprises ont moins besoin d’aide qu’elles n’ont besoin de ne pas être freinées par les réglements et législation d’une complexité à faire peur.
Le pire, c’est que, dix, vingt, trente ou quarante ans après leur diplôme, beaucoup de Français continuent à se définir comme Centraliens, Polytechniciens, Normaliens, Enarques, lorsqu’ils se retrouvent dans une soirée entre amis, chacun reste avec les siens. Les affinités semblent figées pour la vie.
Personne n’encense l’Autodidacte (l’autodicactisme n’est même pas un mot qui existe), alors que j’ai souvent l’impression qu’on apprend rien de bien passionnant, sans le faire seul. Et que, sans passion, pas de création de valeur.
Et puis, confier l’Economie de pays entiers à des Enarques, me paraît une aberration. Toute personne briguant un poste politique à un certain niveau devrait selon moi montrer patte blanche en matière économique, en prouvant qu’il ou elle a réussi à créer de la richesse entrepreneuriale. Qu’il ou elle a fondé une entreprise durable, qu’elle soit grande ou petite.
Bon, j’arrête. Je m’y remets au lieu de me lamenter.
C’est drôle ton commentaire. Au départ dans mon post, j’avais un paragraphe sur les enarques, polytechniciens, etc. qui sont la soi-disant élite française. Je voulais introduire le fait que si eux le pensent, d’autres le pensent aussi. Et qu’ils ne sont pas plus, et pas moins, de potentiels entrepreneurs que les autres.
Comme le dit arnaudfabs, pas de profils type, pas de moment précis, tout le monde peut entreprendre, et on peut le faire à plusieurs niveaux, tous les jours déjà.
[…] The R Blog Le blog qu’il est bien pour le lire « Pourquoi la France manque d’entrepreneurs? […]
[…] L’objectif mentionné dans le slide ramène directement au post Pourquoi la France manque d’entrepreneurs? qui aurait pû s’appeler pour la France et la Belgique manquent d’entrepreneurs, d’ailleurs. La cible change et les leviers ne sont pas forcément financiers. Ah bon? La culture des aides ce n’est pas bien? Non, ca ne marche pas … […]
article très intéressant mais je ne suis pas favorable à une école d’entrepreneurs préconisée par un des commentateurs sinon on recommence à penser diplômes, théorie au détriment de l’expérience et des parcours atypiques, donc toujours plus innovants
Il n’y pas d’école d’entrepreneuriat (a ma connaissance). En revanche, en Australie, le cours d’entrepreneuriat est obligatoire pour toute les diplomes universitaires. Il y a aussi des MBA pour entrepreneurs pour ce qui sont interesses.