Un débriefing subjectif du débat présidentiel du 2 mai 2012.
Sur François Hollande, il se devait de limiter la casse, il a plus que bien réussi. Et c’est cela peut-être le grand enseignement de la soirée. Il a été bousculé (au début surtout), hésitant, il a mis 1 heure à rentrer dans le débat. Mais au final, il n’a pas cédé, il a souvent répliqué. Flanby n’est plus. Hollande sera plus que probablement Président. Et simplement pour ne pas avoir perdu ce débat, il l’a en quelque sorte, gagné.
Sur Nicolas Sarkozy, il se devait de gagner. Il a n’a pas perdu. Il a probablement fait de manière objective un peu mieux qu’un match nul, mais si peu. Sarkozy a perdu les élections, car il est tombé sur un adversaire intelligent, qui a compris que moins il en faisait, plus il protégerait son avance.
Sur le nombre de débats, voilà le sujet le plus évident. Dans une élection tendue, dans une période tendue, je pense que les français avaient droit à ce que les sujets soient traités à fond. Et c’est là le point central. 3h de débat en continu, pour traiter d’autant de sujets, c’est à la fois trop long, en 1 coup, et trop court pour creuser. Trois débats, lundi, mecredi, vendredi, sur 3 thèmes phares: La politique nationale, la politique internationale, et les questions de société. Trois débat d’1h30 à 2h, cela aurait été plus constructif. Pour ne pas avoir compris ou accepté cela, plus que pour la crainte (injustifiée, cfr ci-dessus) de perdre, François Hollande perd à mes yeux énormément de crédibilité sur son programme.
Sur les présentateurs, la twittosphère a raillé Laurence Ferrari toute la soirée, elle aurait tout autant pu raillé David Pujadas. J’ai lu que les présentateurs avaient joué leur rôle, en étant observateurs et en changeant les sujets pour respecter le temps global, et le temps de parole de chacun. Si c’était la demande de départ … effectivement, ils l’ont fait. Pour ma part, je pense qu’ils auraient du recadrer plus fermement les nombreux hors-sujets. Je pense qu’ils devraient pouvoir noter les questions sans réponse, les rappeler à chacun. Donc, être plus dirigiste, dans le but d’avoir un vrai débat sur le programme et les idées. C’est un avis personnel, bien entendu.
Sur les chiffres, c’était le mecredi de l’humour. Plus de 50% des chiffres cités par l’un ou l’autre candidat sont faux, ou largement interprétés. On a plus d’infos sur Rue89 ou ailleurs. C’est juste anormal. Proposition de mon ami Pierre. Les chiffres sont revus avant le débat, validés, sont acceptés par les candidats. Et on ne peut parler que de ceux-ci. En même temps, on pourrait les afficher pendant le débat. Plus de faux chiffres, juste des explications et des propositions de solutions.
Sur les petites phrases, vous en retrouverez pas mal sur les différents sites politiques et dans les journaux. Perso, j’ai bien aimé la simplicité du « Voilà une promesse, Mr Hollande, que vous n’aurez pas de mal à tenir, vu que je l’ai déjà faite ».
Sur Libération, on peut être un journal partisan, mais de là à publier une Une sur la conclusion du débat, 1h30 avant la fin de celui-ci … il y a des limites, non?
Sur Twitter, on parle de plus de 500.000 tweets dont une belle participation des hommes politiques tous aussi subjectifs les uns que les autres (même les belges). On a pu lire des choses drôles comme
- « @bruno_walther Hollande offre des iPad aux collegiens, sarkozy offre des epad mais uniquement pour son fils #ledebat »
- @DadinhoLoketss Sarkozy qui parle de croissance alors qu’il a raté la sienne. #LeDebat
- @misterclem #LeDebat
Pujadas parle de clés et Ferrari nous donne les chronos. En fait c’est passe-partout et passe-temps.
Sur le débat en général, au final je suis particulièrement déçu parce qu’on a peu parlé en profondeur du futur, à cinq ans, à dix ans. François Hollande a passé son temps a attaqué le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Somme toute logique, mais sur 3 heures, c’est triste. Nicolas Sarkozy a lui passé son temps à se défendre et à contre-attaquer en prenant parfois des exemples sous Mitterand. Pas mieux donc. Je suis surpris car cela ressemblait parfois plus à une école primaire (qui manque d’enseignants donc) qu’à un débat de Présidentielle.
Qu’auriez-vous penser d’une posture différente de Nicolas Sarkozy comme par exemple: « Oui, nous avons fait des erreurs et nous avons fait de réels avancées. Je les reconnais. C’est d’ailleurs sur ces erreurs que je construis mon expérience pour mieux servir les français lors d’un deuxième quinquennat. Cet expérience nationale, européenne et internationale, me permet de proposer des points concrets sur le chômage, etc. Parlons ensemble de nos programmes Monsieur Hollande. »